Questions sur le mouvement dans les universités françaises
février 2009
 

Quelles sont les principales revendications du mouvement dans les universités ?

Dans les universités françaises autour de 30 000 enseignants-chercheurs sont en grève depuis plusieurs semaines. Il y a trois revendications principales. D’abord le retrait d’un décret qui changerait radicalement les conditions de travail des enseignants chercheurs. Ce décret donne des pouvoirs de manager au Présidents des universités (qui verront doubler leur salaire en contrepartie !) Au lieu d’une commission nationale d’évaluation, largement élue par les chercheurs, chaque Président aurait le droit d’évaluer la recherche des chercheurs de « son » université, et les sanctionner s’il n’est pas content. En même temps le gouvernement veut que les universités soient en concurrence les uns contre les autres, et que la part des financements privés soient augmentés. C’est le début d’une pente catastrophique. Ce n’est pas Bouygues ou Macdonald qui va donner de l’argent pour écrire des livres d’histoire, d’astronomie, de critique littéraire, d’archéologie ou de philosophie ! Le gouvernement vise un renforcement de la dictature du profit, il veut que l’université soit une entreprise comme les autres.

La deuxième revendication est le retrait d’un décret sur la formation des enseignants du secondaire, décret qui baisserait le niveau requis dans chaque discipline pour être prof, et rendrait plus difficile pour les étudiants de familles pauvres de devenir profs, car il y aura une année supplémentaire d’études non rémunérées.

Troisièmement, le mouvement revendique l’augmentation du nombre des postes dans les universités, là où le gouvernement avait annoncé la suppression de quelques centaines de postes.

Les enseignants chercheurs n’ont jamais de toute leur histoire fait une grève comme celle-ci. Mais ils sont très déterminés, et ils y apprennent beaucoup de choses. Dans les universités on occupe des amphis et on met en place des cours « alternatifs » - sur la recherche, sur la loi LRU, sur la situation aux Antilles. Des profs font cours dans le tramway ou dans les centres commerciaux pour populariser le mouvement. D’autres font des lectures publiques de littérature (car Sarkozy a déclaré que la littérature a trop de place dans les universités).
 
 

Quelle est l’implication des étudiants dans le mouvement.
Les étudiants dans des dizaines d’universités ont rejoint le mouvement après les premières semaines. Ils voudraient que la loi LRU (sur l’autonomie des universités) soit abrogée. Certains se mobilisent par solidarité avec leurs profs, d’autre pour défendre une université ouverte à toutes les classes sociales. Nous savons bien que si les universités sont mises en concurrence, chaque étudiant devra, tôt ou tard, comme en Angleterre, payer plusieurs milliers d’euros chaque année en frais d’inscription.

Le gouvernement a commencé à faire des concessions sur les trois revendications initiales des enseignants chercheurs. Sur la LRU, pas du tout. Les étudiants ont peur que les enseignants-chercheurs arrêtent la grève si Sarkozy cède sur leurs revendications. La situation est compliquée, car les enseignants ont peur de perdre beaucoup d’argent en salaires (les modalités de retrait sur salaire en cas de grève sont inconnues – il n’y a jamais eu de telle grève, et il n’y a pas de managers dans les universités pour noter qui a fait grève et qui ne l’a pas fait !)
Aussi, il y a une bonne partie des étudiants qui ne se mobilisent pas, ou bien parce qu’ils ne comprennent pas que les revendications les concernent aussi, ou bien parce qu’ils se rappellent que les enseignants-chercheurs ne s’étaient jamais vraiment mobilisés lors des mouvements étudiants précédents.

Une partie des personnels administratifs et techniques dans certaines universités a rejoint la grève, avec plus de difficulté car pour eux la grève implique un perte immédiate sur la feuille de salaire. Dans quelques universités une caisse de grève a été mise en place pour que la perte de salaire soit mutualisée entre enseignants et personnel administratif et technique. Les personnels administratifs sont en colère contre la suppression de postes, et contre l'externalisation de certains services, phénomène qui multiplie les contrats précaires dans l'université.

Quelles sont les perspectives pour les semaines à venir
La situation change d’heure en heure. Il semble certain que le gouvernement va reculer sur certains points. Il a déjà déclaré que le décret sur le statut des enseignants chercheurs sera « entièrement réécrit », et qu’il y aura moins de suppressions de poste que prévues. Le résultat final dépend de la mobilisation massive dans les jours à venir – plus on est déterminés et unis, plus ils vont céder. Déjà avec la grève aux Antilles et la perspective d’une grève générale d’une journée en France le 19 mars leur fait déjà très peur…
 

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