«Qu'il s'en aillent tous!»
livre de Jean-Luc Mélenchon,
Flammarion, Paris, octobre 2010,
142 pages


Jean-Luc Mélenchon - des propositions radicales sans les forces pour les imposer


Jean-Luc Mélenchon a écrit son nouveau livre, Qu’ils s’en aillent tous!, dit-il, «pour pouvoir débattre. Partager un enthousiasme. Et donner envie.” Et il y a beaucoup d’aspects qui donnent envie. On trouve dans ce livre une dénonciation enthousiaste et pédagogue des parasites qui dominent notre société. Mélenchon revendique la renationalisation de l’eau et de l’électricité, la mise en place d’un salaire maximum de vingt fois le  SMIC, la fin de la subvention publique accordée aux écoles privées, l’élection par les citoyens des chefs de la télévision publique, et bien d’autres changements importants.

Il dénonce le fait que le capital est  taxé deux fois moins que le travail. Il dénonce  le rôle idéologique des médias, constatant que les ouvriers et les employés forment ensemble 53% de la population, mais seulement 18% de ceux qu’on voit à la télévision. Il flétrit le traité de Lisbonne  et appelle à la mise en place d’une assemblée constituante pour réécrire la constitution.

Une liste de revendications radicales c’est très bien. Mais quelle est la force qui peut imposer ces changements, et comment fera-t-on pour briser la résistance des ultra-riches qui refuseront de céder? La réponse de Mélenchon à cette question est absente ou peu convaincante. La référence aux révolutions en Amérique du Sud reste vague. Si Mélenchon déclare qu’il faudra une “récupération sociale” de la richesse et une “révolution citoyenne” pour changer le monde, on voit que sa stratégie reste l’utilisation du parlement, le mouvement social servant de soutien secondaire. Malheureusement, c’est le MEDEF et les multinationales, pas le parlement, qui détiennent l’essentiel du pouvoir.

Autre erreur,  l’énnemi désigné n’est pas le capitalisme en tant que tel - la dictature du profit, mais le “capitalisme financier”, “les financiers qui vampirisent les entreprises”. Mais ce sont les mêmes riches qui fournissent le capital financier et le capital industriel; d’ailleurs les entreprises industrielles ont souvent, comme chez Alcatel, une section dédiée à la spéculation financière!

Mélenchon a aussi une vision incroyablement positive de la République française. Contrastée au niveau international au méchants impérialistes, “La France” apparaît comme une force pour le bien dans le monde. On doit rejeter absolument cette vision “nationaliste de gauche”.

Dans les mois à venir, les idées de Mélenchon vont rencontrer un vrai echo parmi les travailleurs. Il faut lutter aux côtés de ceux qui les suivent, tout en défendant la perspective d’un renversement de l’Etat et la prise de contrôle de l’économie par les travailleurs.

John Mullen

Cet article était écrit en 2010 pour le journal Anticapitaliste

Home                            Accueil